La pénétration française
- Le Maroc ne peut en
effet rester longtemps à l’écart au moment où les routes méditerranéennes
prennent, au milieu du XIXe siècle, une importance nouvelle. Les efforts de
pénétration des commerçants britanniques de Manchester et de Gibraltar débouchent, en
1856, sur un traité de commerce, qui ouvre le pays aux produits européens.
- En 1863, une
convention franco-marocaine aggrave encore la situation du Maroc. L’Espagne, à
partir des présides conservés sur la côte rifaine, Ceuta et Melilla, reprend une
politique d’expansion par la guerre de 1859-1860 et obtient, lors du traité de 1861,
une importante indemnité de guerre et la rétrocession de l’ancienne possession de
Santa Cruz Pequeña. Ainsi, en moins de sept ans, de décembre 1856 à 1863, ont été
modifiés du tout au tout les rapports traditionnels entre le Maroc et l’Europe.
- La rivalité des trois puissances se
nourrit d’ambitions différentes: commerciales et stratégiques pour la
Grande-Bretagne, préoccupée de la sécurité du détroit de Gibraltar; politiques et
sentimentales pour l’Espagne qui retrouve les souvenirs de la Reconquista;
économiques et territoriales pour la France désirant créer un ensemble nord-africain
homogène, sous son autorité. Leur opposition, si elle sauvegarda le statu quo politique
du Maroc, accentua une pénétration économique à laquelle l’Allemagne participa,
à partir des années 1885-1890.
- Malgré les difficultés, les échanges, et en premier
lieu les importations, s’accroissent fortement dans la seconde moitié du siècle.
Cet essor, le développement des colonies européennes dans les ports, passées de
quelques centaines d’individus à plus de quinze mille, l’extension de la
protection, l’invasion des produits étrangers altérèrent gravement les structures
traditionnelles de l’économie et de la société, provoquant de multiples crises.
- Moulay Hasan (1873-1894), l’un
des plus grands sultans de l’histoire marocaine, s’efforça prudemment de
moderniser le pays, sans tomber sous l’influence dominante d’une puissance;
d’opposer les unes aux autres les rivalités, sans concessions majeures;
d’affirmer, au prix de coûteuses expéditions militaires, l’intangibilité des
limites du Maroc contre les tentatives d’installation dans le sud du pays.
- Il ne put que retarder
l’échéance. L’avènement d’un successeur jeune et faible, l’entente,
surtout, en 1904, de la France et de l’Angleterre, dont l’opposition avait
constitué la principale sauvegarde du Maroc indépendant, précipitèrent la crise.
L’affaiblissement du pouvoir central, la pénétration européenne, la remise en
question des formes traditionnelles de la vie provoquèrent des oppositions et
l’apparition de prétendants. Des tribus entrèrent en dissidence, ce qui accrut
l’impécuniosité de l’État et le contraignit à l’emprunt (1904).
- Cependant, le gouvernement
français, assuré de l’appui des Anglais et s’étant acquis, par des accords
analogues, celui de l’Espagne et de l’Italie, poursuivit, malgré
l’opposition allemande, son dessein. La conférence d’Algésiras (avr. 1906)
plaça le Maroc sous une sorte de protectorat de puissances, mais laissa à la France une
influence prépondérante qu’elle affirma en débarquant, en août 1907, à
Casablanca.
- La pénétration française fut
coupée de crises internationales provoquées par l’Allemagne qui cherchait, à
travers le problème marocain, à ruiner l’entente franco-anglaise: affaire des
déserteurs de 1908; "coup d’Agadir" de juillet 1911. Entravée par la
résistance des tribus, elle conduisit cependant le sultan à accepter un traité de
protectorat (30 mars 1912).
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