Le Sultan, la France et la conférence internationale de Madrid
- Petit-fils de Moulay Abderrahman, le sultan Moulay Hassan
fut un souverain énergique et habile. Au cours des vingt années de son
règne, après avoir réorganisé son armée avec l'aide d'une mission
militaire française, il poursuivit une vigoureuse campagne contre les
tribus rebelles pour les soumettre au paiement de l'impôt.
- Son camp
était toujours dressé et ses harkas prêtes à partir; lui-même les
conduisait au combat. Il consacra les ressources de son pays à la lutte
sans relâche contre l'hégémonie berbère, l'influence de la secte
religieuse des derkaouis et aux dépenses militaires.
- A
l'égard des pays européens, il pratiqua une habile politique de
bascule. Il excellait à mettre leurs représentants en opposition les
uns avec les autres, à promettre à tous sans tenir à aucun. La France
tenait d'un traité de 1767 et d'une convention de 1863 un droit de
protection qui s'étendait aux autochtones employés par les autorités
consulaires et aux agents des négociants français.
- A l'instigation de
l'Angleterre et de l'Espagne, le Makhzen demanda une restriction de ce
droit. La France protesta et il fut décidé que la question serait
soumise à l'examen d'une conférence internationale, qui se réunit à
Madrid en mai 1880. Cette conférence permit au Maroc de prendre contact
pour la première fois avec les représentants des grandes nations
européennes. Elle marqua l'entrée du pays dans le concert diplomatique.
- La
conférence adopta un projet en 18 articles constituant la convention du
3 juillet 1880. Le droit au traitement de la nation la plus favorisée
était reconnu à tous les états représentés. La France perdait donc sa
situation privilégiée et le Maroc était internationalisé.
- Depuis les années 1880, la " question marocaine "
semblait oubliée. Dès 1884, la
- France avait choisi le statu quo. Jules Ferry mit
fin à la mission du très actif ministre
- de France à Tanger, Ladislas Ortega, ami personnel
de Gambetta et d'Eugène Étienne :
- : " Le gouvernement de la République ne veut pas
d'affaire au Maroc ".
- A sa mort au printemps 1894 , Moulay Hassan laissa
à son fils Moulay Abdelaziz qui lui succéda, un pays globalement pacifié mais totalement fermé à l'influence européenne.
- La " question
marocaine" ne réapparaissait qu’avec le nouveau souverain par suite de la décomposition politique de l’empire chérifien.
Medisma
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