Ce mouvement
nationaliste urbain, influencé aussi par les doctrines réformistes et panarabes qui
agitaient l’Islam, prit forme en 1930.
Le premier parti politique marocain, sous le
nom de Comité d’action marocaine, animé par Allal el-Fassi, Ouazzani et
Balafrej,
élabora un "plan de réformes" qui, sans remettre en cause le principe du
protectorat, s’en prit à ses déviations et à l’administration directe.
L’ère de libéralisme
politique qu’ouvrait, en 1936, l’avènement du Front populaire en France
encouragea les espoirs.
Le mouvement gagnait les villes et les campagnes. Les troubles de
1937, à Meknès et Marrakech, montrèrent son extension.
Pourtant, à la veille de la
Seconde Guerre mondiale, les divisions du parti nationaliste, la crainte des
revendications des pays de l’Axe rapprochèrent Français et Marocains.
Au lendemain du conflit, la
situation avait considérablement changé.
Les difficultés alimentaires, montrant la
fragilité de l’économie du pays, avaient provoqué une grande misère et une forte
émigration rurale.
Le système colonial avait partout été ébranlé, la Charte de
l’Atlantique avait rappelé le "droit de tous les peuples à choisir la forme de
gouvernement sous lequel ils veulent vivre". Le débarquement américain de novembre
1942, l’entrevue d’Anfa de 1943 où le sultan rencontra Roosevelt, les
encouragements du président des États-Unis au nationalisme marocain précisèrent les
revendications des partis politiques.
L’influence de la Ligue arabe, la caution
donnée au mouvement nationaliste par le sultan (discours de Tanger, 1947) rendaient
urgente une nouvelle définition du régime du protectorat.
Des négociations s’engagèrent
entre le sultan Sidi Mohammed et le gouvernement français, mais elles achoppèrent sur la
question de souveraineté.
À la fête du Trône, qui coïncidait en 1952 avec le
vingt-cinquième anniversaire de son avènement, le sultan réaffirma sa volonté
d’indépendance, cependant que les sanglants événements de Casablanca, les 7 et
8 décembre, annonçaient la crise. La résidence interdit le Parti communiste et le
parti de l’Istiqlal (indépendance), encouragea l’opposition au sultan de
certains milieux traditionalistes (pétition du 21 mai 1953). Le 20 août,
Sidi Mohammed fut contraint d’abdiquer. Il fut remplacé, le 21, par son cousin Ben
Arafa.
Le gouvernement français avait laissé faire: sa politique marocaine
s’élaborait moins à Paris que dans les cercles liés à la résidence.
Les réformes qui devaient justifier
le coup de force furent remises de mois en mois devant l’opposition conservatrice,
puis le développement du mouvement de résistance marocain. Aux difficultés intérieures
s’ajoutaient les difficultés extérieures.
L’Espagne appuyait l’opposition
marocaine. Les États arabes et asiatiques apportaient, aux Nations unies, leur soutien au
mouvement nationaliste.
Les revers d’Indochine (mai 1954), l’insurrection
algérienne (1er nov. 1954) contraignirent le gouvernement français à s’orienter
vers une solution politique.
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